La Pyramide du Cinquantenaire

Pour faire vivre la Fondation Egyptologique Reine Elisabeth, il fallait trouver de l’argent. Beaucoup d’argent. A cet égard, Jean Capart était passé maître dans l’art de recourir à des initiatives originales. L’une d’elles frappera tout particulièrement l’imagination du public : la Pyramide du Cinquantenaire.

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En 1928, le directeur de la Fondation -qui est aussi depuis 1925 le conservateur en chef des Musées Royaux d’Art et d’Histoire- commande 500.000 cubes en bois d’un centimètre cube chacun. Achetés par les visiteurs au prix de 25 centimes l’unité, ces cubes sont destinés à être aussitôt jetés à travers les mailles d’un gabarit métallique reproduisant au millionième les contours de la Pyramide de Khéops. Comme on le sait, cette dernière mesurait 146 mètres de haut et 230 mètres de côté. Selon l’historien grec Hérodote, le pharaon Khéops aurait mis vingt ans à assembler les 2.500.000 blocs de sa pyramide. A ceux qui lui demandent s’il parviendra à battre ce record, Capart répond : Cela dépendra de l’intérêt que prendront nos visiteurs à ce jeu collectif inédit. Cela dépendra aussi de leur générosité.

L’initiative de Capart est saluée par l’ensemble de la presse belge. Elle l’est aussi en-dehors de la Belgique et il n’est pas jusqu’au « Daily Telegraph » de Londres qui ne rende hommage à l’ingenious belgian plan et à la curious and fertile imagination of Mister Capart.[1]

Une initiative qui rapporte en tout cas : à la fin de l’année 1928, plus de 12.000 blocs ont déjà été assemblés. A l’été 1929, ils sont plus de 30.000. Devant l’engouement des enfants des écoles, Capart décide de faire installer quatre appareils automatiques pour distribuer les blocs.

La Pyramide du Cinquantenaire subsistera durant de longues années avant de disparaître, probablement dans l’incendie du Musée du Cinquantenaire en 1946. Nous ne saurons peut-être jamais combien de blocs auront été récoltés au moment de sa disparition. Mais, comme Capart l’avait prédit en 1928, l’expérience entreprise aura de toutes manières un résultat précieux : notre bibliothèque sera plus riche, la part prise par les Belges dans les travaux historiques en Egypte sera plus grande, nos publications seront plus nombreuses et nos compatriotes auront compris la grandeur et la puissance des rois qui bâtissaient les pyramides.[2]

Le Fonds Jean Capart ne pourrait-il s’inspirer de cette initiative et mener une collecte de fonds au moyen d’une pyramide… virtuelle ? Il y songe…

 

  • Measuring the Great Pyramid. Ingenious belgian plan, in : Daily Telegraph, 1928
  • « Battrons-nous le record de Khéops ? ». Feuillet publicitaire, FERE, 1928.